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le grand orient

les cultes, mais derrière ce mot elle laisse apparattre l’indifférence et même le dédain pour toutes les religions positives. Elle prescrit le travail et elle interdit l’oisiveté volontaire. Mais elle garde le silence sur la propriété. L’admet-elle ? Ne prétend-elle pas condamner celle qui n’est pas le fruit direct du travail ? Cette conséquence n’est pas formellement écrite dans ses statuts, mais il est facile de l’en faire découler, et il semble que déjà quelques Loges, non désavouées par le Grand Orient, condamnent ouvertement l’hérédité, voire même la propriété. Dans un pays où les mœurs, les lois, la Constitution regardent la religion, la propriété, l’hérédité, la libre disposition des biens, comme les bases de l’organisation sociale, le gouvernement peut-il accorder son patronage officiel à une Association qui semble répudier ces bases ? »

Ma conclusion fut que, tout en respectant dans la Franc-Maçonnerie la liberté de la pensée et même la liberté du culte, car cette Association a son culte et ses rites qu’elle célèbre dans le mystère, il valait mieux ne pas lui attribuer le caractère d’établissement d’utilité publique reconnu par l’État ; que cette mesure serait de celles dont se réjouissent les ennemis du gouvernement et dont s’attristent ses amis ; que si, pour être agréable au Maréchal et pour aplanir les difficultés qu’il rencontrait dans sa tâche nouvelle, on tenait à donner au Grand Orient le