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le charme de l’histoire

mander et me l’expliquer. Il était l’un des trente-trois membres du conseil du Grand Orient, l’un des séides du Maréchal, l’un de ceux qui l’avaient engagé à demander la reconnaissance pour sortir d’embarras. Je lui soumis ces difficultés, qui jusque-là ne portaient que sur des points de pure forme, mais qui eussent suffi pour arrêter toute autre affaire. Il en comprit le danger et il chercha avec moi à les résoudre. Il était d’autant mieux en mesure d’y réussir qu’il était profondément versé dans la législation et dans la jurisprudence administratives. Quelques jours après, l’on m’envoya des statuts plus corrects, du moins en apparence, et diverses pièces qui constituaient une instruction un peu moins sommaire.

Toutefois, pendant que M. Alfred Blanche s’efforçait de compléter ainsi le dossier, l’étude à laquelle je me livrais me faisait apercevoir de plus en plus la gravité du projet. L’affaire m’apparut, non plus comme une question de simple administration, mais comme une question politique au premier chef. J’exprimai nettement le regret qu’on n’en eût pas chargé un membre plus autorisé qu’un maître de requêtes de seconde classe, et je finis par dire à M. Blanche que, décidément, la mesure proposée me paraissait de nature à créer au gouvernement beaucoup d’ennemis, et que je conclurais contre le projet. M. Blanche fut très ému, se ren-