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le charme de l’histoire

le rapport à un conseiller d’État. Cependant le dossier me fut envoyé. J’étais, à la section de l’intérieur, le rapporteur ordinaire des décrets qui reconnaissaient comme établissements d’utilité publique les sociétés savantes. Peut-être mes chefs pensèrent-ils, en chargeant de cette affaire un simple maître des requêtes, en voiler la gravité, et lui donner l’apparence d’une simple affaire administrative, semblable à toutes celles que l’on avait l’habitude de me voir traiter.

Je ne m’étais jamais occupé de politique, ni de questions religieuses, ni de franc-maçonnerie. Je n’avais d’avance aucune prévention contre le projet, aucun parti-pris.Je trouvai la question intéressante, je commençai à l’étudier au point de vue très terre-à-terre de notre jurisprudence habituelle. Elle se présentait sous une forme qui s’écartait sensiblement de nos traditions et qui, dés l’abord, attira mon attention.

Le projet de décret que nous envoyait le ministère reconnaissait comme établissement d’utilité publique, non pas l’association maçonnique dans son ensemble, mais seulement le Grand Orient de France, en exceptant formellement de la mesure les Loges et les Ateliers de son obédience. Pourquoi cette précaution inusitée ?

Au lieu d’approuver, suivant l’usage, des statuts formant un ensemble complet et destinés à régir