Page:Marbeau Le charme de l histoire 1902.djvu/177

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
171
le grand orient

Les créanciers, parmi lesquels figurait le prince Murat, réclamaient leur remboursement. Pour les payer, il fallait emprunter. Le Maréchal s’adressa au Crédit Foncier. Là il se heurta à une objection légale. Le Grand Orient n’était pas investi de la personnalité civile. Pour acheter son immeuble, il avait constitué, dans une forme analogue à celle qui venait d’être imaginée par les congrégations religieuses, une société civile à laquelle avait été attribuée la propriété nominale. Mais cette société, simple prête-nom fictif, ne présentait pas les conditions légales indispensables pour satisfaire aux exigences des statuts du Crédit Foncier.

Il fallut aviser. Afin de donner à l’Association maçonnique la qualité légale qui lui manquait, le Maréchal demanda qu’elle fût reconnue comme établissement d’utilité publique.

À tout autre moment, personne n’eût songé à accueillir une telle demande. Mais à cette époque la question romaine agitait les esprits. Les catholiques, longtemps favorables à l’Empire, commençaient à passer dans l’opposition. La Société de Saint-Vincent-de-Paul, avec ses conférences répandues dans tout le pays, était une puissance. Le gouvernement craignit qu’elle ne cherchât à exercer une influence politique dans les élections qui allaient avoir lieu au mois de mai 1863, et il voulut annuler cette influence, ou s’en emparer. Il offrit à la Société