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le charme de l’histoire

rivaux. Le Préfet de Police, averti, ajourna d’autorité l’élection. Plus tard !’Empereur intervint à son tour, et, afin de faire cesser l’antagonisme entre ses deux parents, il s’attribua, par un décret du 11 janvier 1862[1], le droit de nommer le Grand Maître, qui, jusque-là, avait été électif. Il désigna le maréchal Magnan. Celui-ci, dit-on, n’était même pas Franc-Maçon ! Le bruit courut alors qu’on avait dû lui conférer en un seul jour les trente-trois grades, les trente-trois degrés d’initiation nécessaires pour lui permettre de figurer parmi les trente-trois membres du Conseil et pour devenir le chef de l’Ordre maçonnique. Le Maréchal trouva la Maçonnerie dans une situation financière embarrassée. Elle avait acheté, rue Cadet, au prix de 1,500,000 francs, un immeuble destiné à lui servir de lieu de réunion. Sur ce prix, elle devait encore 500 ou 600,000 francs.

  1. Napoléon, etc., Sur la proposition de notre ministre, secrétaire d’État au département de l’intérieur ; Vu les art. 2 et 294 du Code pénal, la loi du 10 avril 1834 et le décret du 25 mars 1852 ; Considérant les vœux manifestés par !’Ordre Maçonnique de France de conserver une représentation centrale, avons décrété :
    Art. 1er — Le Grand Maître de !’Ordre maçonnique de France, jusqu’ici élu pour trois ans, en vertu des statuts de l’Ordre, est nommé directement par nous, pour cette même période.
    Art. 2. — S. Exc. M. le maréchal Magnan est nommé Grand Maître du Grand Orient de France. ART. 3. — Notre Ministre de l’Intérieur (M. de Persigny) est chargé, etc. (Décret du 11 janvier 1861 ; Duvergier, 1862, p. 10).