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treilhard

de la section de législation au Conseil d’État, élevé à la dignité de ministre d’État en 1809, et créé comte de l’Empire en 1810, Treilhard était arrivé au faîte des honneurs, lorsqu’une maladie dont il ressentait depuis plusieurs années les atteintes l’emporta le 1er  décembre 1810. On put dire qu’il mourut debout ; la veille de sa mort, malgré de cruelles souffrances, il siégeait encore au Conseil. L’empereur, qui appréciait hautement ses lumières et l’indépendance de sa parole, déclara que sa mort était un malheur public, comme l’avaient été celles de Portalis et de Tronchet. Après des funérailles solennelles, le corps de notre compatriote fut inhumé au Panthéon.

Quelques années auparavant, Treilhard avait été envoyé en mission dans la Corrèze pour présider le Collège électoral chargé de choisir les deux sénateurs du département. Il avait été reçu à Tulle avec les pompeux honneurs dus aux grands dignitaires de l’Empire. Je regrette que le défaut de temps ne me permette pas de vous raconter quelques incidents curieux de ce voyage, la difficulté qu’éprouva le préfet à trouver à Tulle, « malgré que cette ville ait beaucoup acquis du côté de la civilisation », un logement convenable pour un si haut personnage ; la foule accourue de loin pour le contempler ; le discours adressé par le maire de Tulle « à l’homme d’État si distingué par l’éminence des places aux-