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le charme de l’histoire

appelés, l’un au Conseil d’État, l’autre à la Cour de cassation. Là, dégagés de la politique pour laquelle ils n’étaient pas faits, rendus au culte de leur jeunesse, à l’étude du droit et de la législation, ils commencèrent une carrière nouvelle où l’expérience, la sagacité, la portée des vues étaient plus utiles que le caractère, et où ils trouvèrent, sinon la gloire, du moins une haute et légitime renommée.

Le Conseil d’État était, en l’an X, le véritable siège du gouvernement. Le premier Consul se plaisait à le présider, et il y avait réuni, pour travailler avec lui à l’œuvre de reconstitution sociale qu’il voulait accomplir, toutes les illustrations civiles et militaires de la Révolution ; Treilhard y retrouva, président de la section de la guerre, un autre Briviste, le général Brune. La tâche la plus importante du Conseil d’État était de refondre, dans des Codes adaptés à l’état nouveau de la Société, les lois civiles, commerciales, criminelles, éparses dans les monuments innombrables et souvent contradictoires de l’ancienne législation, le Droit romain, les Coutumes, les Ordonnances. Treilhard prit une part considérable à ces travaux ; il était l’un des orateurs principaux de ces discussions restées célèbres, et dont malheureusement les procès-verbaux de Locré et les Mémoires des contemporains ne peuvent nous donner qu’une idée très incomplète. Cormenin nous en fait un tableau