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dufort de cheverny

primaires de nous envoyer un tiers de nouveaux scélérats à la place de ceux qui allaient déguerpir. Sans savoir et sans deviner s’il a une arrière-pensée, nous devons tous lui avoir une grande obligation d’avoir ramené dans sa personne le précieux pouvoir d’un seul. La France serait très malheureuse de le perdre dans ce moment où les Jacobins font semblant d’être morts et travaillent en taupes. »

… « Tout est tellement changé qu’il semble que les évènements révolutionnaires se sont passés il y a plus de 20 ans ; les traces s’en effacent tous les jours… la Vendée est pacifiée… le préfet a l’ordre de calmer toutes les têtes, de quelque parti qu’elles soient… ; la nouvelle organisation prend plus de consistance de jour en jour. Le peuple n’est plus tourmenté au sujet de la décade[1]… On peut voyager sans passe-port dans l’intérieur… Le gouvernement ne connait aucun parti ; un royaliste est placé à côté d’un républicain forcené et ils sont pour ainsi dire neutralisés l’un par l’autre… Le premier consul, plus roi que ne l’a

  1. Un arrêté consulaire du 7 thermidor an VII venait d’abroger les lois révolutionnaires qui avaient interdit, sous peine d’amende et de prison, d’ouvrir les boutiques et de travailler les Décadis. Cet arrêté contenait un article 3 qui serait vraiment comique s’il se trouvait dans un vaudeville : Les simples citoyens ont le droit de pourvoir à leurs besoins et de vaquer à leurs affaires tous les jours, en prenant du repos suivant leur volonté… »