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le charme de l’histoire

les partis ». Quant à Turpin, lieutenant-criminel, on peut juger son caractère par ces mots : « Homme sage et fin, qui sut se conserver intact dans cette révolution, sans choquer ouvertement la folie du temps » (II. 80 et 81).

Les élections ecclésiastiques offrent le plus affligeant spectacle. De deux maux choisissant le moindre, Dufort approuve les prêtres qui, pour conserver leur ministère, prêtent le serment exigé par la Constitution civile du clergé ; mais il déplore les courbettes électorales, les promesses basses qui compromettent la dignité des curés devant leurs paroissiens devenus leurs électeurs. N’ayant pu obtenir que son ami, M. de Thémines, évêque de Blois, prêtât serment et devînt éligible, il vote, sous l’inspiration de Beauharnais, pour l’abbé Grégoire, qu’on lui dit être de mœurs pures, instruit et zélé pour la religion. Et Grégoire, à peine élu, appelle dans le diocèse et nomme vicaire général l’ignoble capucin Chabot, que les électeurs, terrifiés par les plus violents d’entre eux, élisent député. Un autre vicaire général, Rochejean, devient l’un des présidents du club de Blois ; Dufort le retrouve deux ans après en prison, inculpé de malversations à l’évêché. Un troisième, Dupont, avait été le concurrent de Grégoire au siège épiscopal. N’ayant pu se faire élire évêque, il s’était contenté provisoirement d’un poste de vicaire général ; nous le voyons