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dufort de cheverny

à Cour et à Cellettes, et il les préside. Mais il n’a guère à se féliciter des efforts auxquels l’entraîne sa bonne volonté. Les doctrines qu’il entend prêcher lui font horreur ; il évite de retourner aux séances et son absence y est remarquée. Le club de Blois prononce son exclusion « d’une voix unanime », et envoie au club de Cour des délégués qui intimident les paysans par leurs motions sanguinaires, et l’obligent à se retirer (II. 163 et 164).

Tous les postes alors étaient électifs : députés, officiers municipaux, juges, évêques, curés. Dufort nous fait assister à plusieurs élections. Elles ont un caractère commun : l’assemblée électorale, « rendez-vous des songe-creux » (11. BO) et des ambitieux, est tumultueuse et devient le théâtre de mille cabales ». Les électeurs, peu préparés à l’exercice de leurs nouveaux droits, donnent leurs voix à l’intrigue qui les trompe, à la violence qui les effraie, ou à la médiocrité qui ne leur inspire pas d’ombrage. Lors des élections aux États-Généraux, les trois premiers élus de la noblesse à Blois sont : Beauharnais, Phélines et Turpin. Beauharnais, peu connu dans la ville, où il n’excitait aucune envie… et ne choquait personne » ; Phélines, peu connu, arrivé par hasard la veille de l’assemblée, y était resté on ne sait pourquoi » … « Le » choix tomba sur eux, ajoute Dufort, comme on fait dans le Conclave, pour mettre d’accord tous