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le charme de l’histoire

pour une bataille, ainsi qu’on eût pu le faire pour un duel. Du haut de la vieille tour féodale, dont les ruines sévères dominent la campagne, pareilles à ces souvenirs confus de l’ancien régime qui troublent encore la mémoire des paysans, on a pu voir Jeanne d’Arc s’avancer entre les deux armées et frapper de sa lance, en signe de défi, les pieux des palissades derrière lesquelles s’abritaient les Anglais. fais en vain cria-t-elle à Bedford qu’il avait lui-même demandé la bataille ; en vain lui offrit elle de faire reculer les troupes françaises pour lui donner du champ et lui permettre de se développer ; {Corr|Bedfort|Bedford}}, ce jour-là, n’osa pas sortir de ses retranchements et se mesurer avec la Pucelle d’Orléans.

C’est à un autre titre, par la série de ses proprié­taires successifs, que Bellegarde-en-Gâtinais nous intéresse. La terre, qui s’appelait alors Choisy, avait été défrichée au ixe siècle par des moines Génovéfains. À l’époque où les fils de nos rois se partageaient la France, elle se trouva comprise dans l’apanage du quatrième fils de Jean, celui qui, à Poitiers, à peine âgé de 15 ans, fut blessé en défendant son père, et qui devint plus tard duc de Bourgogne, sous le nom de Philippe-le-Hardi. Il donna Choisy, à titre de fief, à un de ses hommes d’armes. C’était un rendez-vous de chasse aimé de nos rois. Pour remercier les seigneurs de l’hospitalité qu’ils se plaisaient à y recevoir, ils érigèrent successive-