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Edvard ne disait mot, tout au plaisir de s’enclore avec cette captivante anonyme dans la bagnole délicieusement étroite où se répandait peu à peu un chaud parfum de chypre, de chevelure brune et de chair jeune.

Il frôlait sa compagne, heureux de sentir à travers l’étoffe, les tièdes rondeurs de l’épaule et de la hanche. Il n’éprouvait aucun besoin de répondre, plus désireux d’agir que de parler, allumé d’une envie violente de la saisir dans ses bras, de pétrir ce corps tentant dont l’odeur et le contact l’affolaient dangereusement. Il se demandait : « Si je risquais le coup, qu’arriverait-il ? »

Après tout, la conduite provocante de la jeune femme ne devait-elle pas l’enhardir ? Certainement il lui plaisait ; elle le lui témoignait assez clairement, en acceptant tous les risques du compagnonnage ; un respect excessif la désobligerait, sans doute…

Mais, d’autre part, l’inconnu de cette inconnue dont il ignorait tout retenait le jeune homme. Il hésitait, dans la crainte d’une surprise possible, d’un esclandre ridicule.

Elle se taisait également, raidie à sa place. Edvard l’examinait ; il admira son fin profil au