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l’audacieuse allait s’écraser contre la balustrade, mais elle s’arrêta net et pivota avec aisance, sur un seul patin.

La hardiesse précise de ce geste conquit Edvard, tout de suite intéressé par cette harmonieuse créature qui semblait incarner le charme divin du Mouvement. On devinait le jeu de ses muscles sous le tailleur de velours miroir qui moulait son corps ; son buste souple se balançait, en ondulations félines ; l’une de ses jambes, le pied arc-bouté au sol, se roidissait avec une fermeté qui faisait saillir la rondeur du mollet ; tandis que l’autre se soulevait avec une légèreté infinie.

Lorsque la patineuse passa auprès d’Edvard, elle resta une seconde à le considérer fixement, comme frappée par l’exceptionnel de cette beauté masculine. L’ardeur de ses yeux qui signifiaient éloquemment : « Vous me plaisez », enveloppa le jeune homme d’une caresse passionnée.

Puis elle s’éloigna, disparut dans la foule des patineurs, à cette heure, de plus en plus nombreuse, Edvard cherchait en vain à reconnaître sa silhouette : une robe marron bordée