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forcément. La baronne de Tresme dut suivre son mari, appelé par ses fonctions diplomatiques dans des pays incontestablement scandinaves. Elle ne revint à Paris que veuve, pour marier sa fille Thérèse.

Bergeron avait revu son amie avec une joie sincère, obscurcie d’un indéfinissable malaise : c’était une vieille dame, à présent, aux tempes argentées, dont le visage un peu fané s’étoilait de mille petites rides, autant de ratures, semblait-il, qui effaçaient leur ancienne histoire d’amour.

Le philosophe avait reporté une part de son affection sur Thérèse de Tresmes, une jolie blonde de dix-huit ans, aux yeux clairs, dont la grâce atténuée s’estompait en demi-teintes, sa filleule.

Ce soir-là, François Bergeron se présenta de très bonne heure chez la baronne, car il tenait à bien marquer son empressement.

On l’accueillit avec toute l’affection désirable. Néanmoins le dîner traîna, presque aussi morne qu’un banquet de politiciens. Mme de Tresme s’énervait, visiblement préoccupée ; ses lèvres minces, à chaque instant, frémissaient d’impatience, de contrariété,