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de Tresme : dans son existence de célibataire ambitieux et raisonnable, où les femmes n’avaient tenu qu’un rôle accessoire, il gardait à Louise de Tresme une place à part, celle des femmes qu’on aime toujours parce qu’on ne les a jamais possédées tout à fait.

L’exquise aventure, délicate sinon complètement chaste ! Cette liaison presque platonique l’avait enserré « suaviter et fortiter » comme il se le répétait, avec un demi-sourire pour le pédantisme de sa citation ; elle s’était nouée… ainsi qu’une écharpe enroule autour du corps la mollesse de ses grâces pourtant solides.

Travailleur acharné, Bergeron redoutait l’influence de l’Éternel féminin ; mais la baronne de Tresme, insinuante et souple, sut le diriger sans lui imposer ces conseils maladroits dont l’insistance exaspère l’orgueil masculin. Jamais il ne se crut sous la domination de cette blonde frêle dont la beauté le charmait, comme la tendresse, par l’harmonie de ses tonalités douces : nuance attendrissante des cheveux cendrés, reflet de perle des yeux au silence éloquent, et l’affolant inachevé des caresses réticentes…

Puis, les relations idylliques s’espacèrent