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nuelle ne lui deviendrait jamais importune. »

De pareilles tentations sollicitèrent maint héros. Gœthe ne fut-il pas invité de la façon la plus pressante par une belle princesse italienne à finir ses jours auprès d’elle, comme Calypso souhaitait passionnément unir sa destinée à celle du divin Ulysse.

Et Bergeron, sans se l’avouer, regrettait obscurément d’obéir à cette soif de la liberté qui, répudiant les bonheurs trop facilement goûtés du port, contraint ses fervents à regagner, par delà la mer féconde en tempêtes, Ithaque, Weimar, le Collège de France…

Ses yeux s’emplissaient de beauté : au lointain, des sommets étincelaient, sous l’éclat du soleil, comme des braises ardentes ; la mer, luisante et moirée, étalait son bleu irréel de soie peinte. Ici, c’était le beau désordre, effet de l’art déployé par les jardiniers du Casino : l’état de nature soigneusement entretenu ; un fouillis savamment agencé de ronces, de rochers, d’agaves, de palmiers géants, de ruisseaux et de bosquets de fleurs sauvages. Des roses Rothschild, le bord de leurs pétales pâlissant, s’alanguissaient sous la chaleur ané-