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et se présenta par ces paroles inattendues : « Vous êtes un grand philosophe, j’ai besoin d’un conseil en face d’un cas de conscience que ne peut résoudre ma propre logique. Mais mon secret est embarrassant et scabreux ; si j’ose me confesser, c’est que vous allez repartir tout à l’heure et que je ne vous reverrai jamais plus… » Puis elle me fit l’aveu de ce que je viens de vous dire à propos de la fille de vingt-sept ans contrainte au rôle de femme pour rester séduisante… Vous me demandiez des preuves… Ah ! Monsieur, si vous l’aviez entendue déplorer sa fâcheuse virginité, vous n’eussiez pas douté de sa véracité une minute. Elle me confia : « Je suis aimée d’un chérubin naïf et vicieux qui me croit perversement experte ; ébloui par ma renommée d’intrigues tapageuses, il est assez épris pour m’épouser… Mais si je lui avoue l’inconsistance de cette légende, n’en ressentira-t-il pas de la déception, puisque c’est une femme équivoque, hélas, qu’il croit aimer en ma personne ? Que dois-je faire, monsieur ? » Car c’était là le conseil qu’elle sollicitait de moi. Ah ! Nous autres écrivains, nous recevons parfois d’étranges confidences de lectrices… Ignorant qu’elle était la rivale