Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/277

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais Edvard, en proie à une émotion inouïe, supplia d’une voix ardente :

— Achevez, monsieur, achevez, je vous en prie !… Ne prolongez pas mon incertitude… Si ce que je crois comprendre est la vérité, comment l’avez-vous sue ?… Êtes-vous absolument certain de ce que vous avancez ?… Une preuve ?… Parlez, de grâce !…

Bergeron savoura l’angoisse qu’exprimait le visage du jeune homme. Il y voyait la réussite de son projet. Abandonnant les généralités exposées en langage académique, il lança son argument suprême :

— Eh ! Parbleu, monsieur. Mademoiselle Thulette s’est payé votre tête !

Ce disant, il pensait : « En France, on tue l’amour par l’amour-propre. J’espère bien que mon Norvégien sera aussi susceptible qu’un Français sur ce chapitre. »

Et il développa :

— La preuve de ce que j’avance ? Mais la voici, monsieur : claire, limpide, irréfutable… Il y a quatre mois, revenant d’un voyage en Italie, je descendis à l’Hôtel Thulette. Le matin de mon départ, mademoiselle Fanny se fit annoncer chez moi, força presque ma porte,