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aux gestes sobres, et cette jeune fille de dix-sept ans, grande, blonde, svelte, le regard hautain, pour deviner en elles la comtesse Kolding et sa fille. Leur ressemblance avec Edvard ne laissait aucun doute.

Bien qu’on l’ait souvent répété, il est vrai que la passion s’éprend moins d’un être que d’un type. L’Homme (la Femme aussi) aiment une seule beauté reproduite à plusieurs exemplaires. Leur désir change d’objet, non d’idéal.

Ainsi, en regardant les deux nouvelles alliées des dames de Tresme, Fanny ne put ressentir d’animosité contre ces ennemies de son bonheur : elle retrouvait le regard d’Edvard dans les yeux d’acier de la comtesse ; elle retrouvait la jeunesse, la grâce, la séduction d’Edvard dans le fin visage de Mlle Kolding, dont un rai de soleil enveloppait de lumière dorée la mince silhouette, presque enfantine encore. Une sympathie invincible l’attirait vers ces blondes Norvégiennes pétries de la chair même de l’homme qu’elle aimait.

Mais si la vue de la mère et de la sœur d’Edvard n’éveilla chez Fanny nulle haine, elle lui révéla un danger dont l’imminence altéra ses traits comme l’élancement d’une douleur phy-