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Il ne regarda pas même l’homme. Voyant M. Thulette se gratter avec horreur, il s’écria :

— Ah ! mon pauvre Monsieur. Ce sacré Boche vous a passé ses totos, je parie ?

— Comment, c’est un Boche ? On m’a enfermé, moi un civil, avec un Boche ?

L’homme se tordit. Le barbier précisa :

— Monsieur, personne n’a été enfermé chez moi. Vous y êtes bien venu tout seul.

Le père de Fanny hocha le chef dans la direction de l’ennemi.

— Mais lui ?

— Lui comme vous, pardi ! C’est un prisonnier de guerre. Il y en a un détachement, à Roscoff. On nous les prête, de Rennes, pour travailler aux champs et au port.

— Mais on le laisse libre, votre prisonnier ?

— « Votre prisonnier » que vous dites ? N’est point à moi, donc ! Et puis il circule, voilà tout. Il voudrait s’ensauver, comme ce tantôt mes poules, que nos territoriaux — des gars ! monsieur ! — l’auraient bien vite rattrapé.

Et claquant de la main les larges épaules du captif :

— Allons, Krantz, à nous le blaireau !