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la jeune fille et la lueur humide de ses prunelles.

Lorsque Edvard se tut, le père de Fanny poussa un soupir et répondit d’une voix posée :

— Monsieur, je commence par vous déclarer que la volonté de ma fille est la mienne. La sachant d’esprit judicieux, je lui ai toujours permis d’agir à sa guise… Je l’aie vue refuser les meilleurs partis, sans vouloir l’influencer… Aujourd’hui qu’elle accueille enfin une démarche favorablement, la vôtre, je respecte son choix. Néanmoins si je me déclare très honoré de votre demande, ne vous étonnez pas qu’elle me cause une peine sensible… Vous vivez dans un pays lointain. Moi je suis contraint de surveiller constamment mes entreprises qui ne peuvent prospérer que sous l’œil du maître. Et je sais trop que, malgré les sollicitations de ma tendresse paternelle, je ne trouverai jamais le temps d’aller embrasser votre femme. Quelle pénible perspective ! Moi rivé à Paris, à Saint-Sébastien, à Monte-Carlo, Fanny fixée à Christiania : on croira que vous avez épousé une orpheline… Mais, trêve d’égoïsme. Nous reprendrons cette conversation après le déjeuner, si