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— Je commençais à croire que tu avais oublié l’heure du déjeuner !

Mais l’interpellée eut un joli sourire entendu en répliquant :

— Il s’agit bien de déjeuner !

Et elle énonça, des éclairs de fierté plein les yeux :

— Je te présente le comte Edvard Kolding, mon fiancé.

Le noble Norvégien ne put se dispenser d’ajouter alors quelques paroles appropriées, dénuées d’éloquence, et que troublait en outre l’attitude de M. Thulette, vieillard mince, au visage rusé, dont les regards froids le congelaient bien que, dans sa patrie, il eût souvent affronté des températures extrêmement basses.

Edvard s’était attendu à le voir frétiller d’allégresse devant cette inespérée demande en mariage ; et son futur beau-père ne parut même pas flatté. Il ne se montra point impassible (à l’impassible nul n’est tenu) mais morose ; pas longtemps, cependant : à mesure que l’heureux élu parlait, les yeux vifs de M. Thulette semblaient s’imprégner peu à peu du bonheur que proclamaient le visage radieux de