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répliqua, bien résolue à rester la Célimène indéchiffrable :

— Si j’ai laissé voir, dès le premier jour, combien vous me plaisiez, c’est que j’ignorais votre vie privée, vos attaches, vos promesses… Aujourd’hui, si je refuse de vous céder, ce n’est pas par coquetterie, je vous le jure, mais ma fierté se trouve en jeu.

— Votre fierté ?

— Certainement ! Vous me poursuivez ostensiblement sous les yeux d’une jeune fille avec qui vous n’osez point rompre : ma méfiance prévoit les conséquences de votre conduite ambiguë. Je vous aime, je vous le répète sans honte, mais je n’entends pas être votre aventure de clôture, la dernière avant le mariage… Non, je vaux plus que ça ! Si vous aviez été libre, je serais devenue votre maîtresse, sans me marchander. Mais, devant la rivale qui se dresse contre moi, je me refuse à vous ménager la possibilité d’un pardon, le jour où un tardif repentir vous ramènerait aux pieds offensés de Mlle de Tresme. Je suis aussi honorable que votre fiancée, Edvard. Si vous m’aimez, épousez-moi.