Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oui, Edvard, j’ai à vous parler. Et comme je suis très embarrassée à l’idée de vous dire ces choses…

— …sérieuses ?

— …très sérieuses, je me rends compte que j’aurais manqué d’audace, seule avec vous, dans le trouble plus grand du tête-à-tête. Alors, je vous ai emmené ici.

— Vous avez plus de bravoure en public ?

— Oui, la présence de tous ces figurants sur la terrasse, dans les allées, me rassure un peu. Ils sont tout près de nous et très loin à la fois. Alors, devant ces anonymes qui ne m’entendront pas, j’oserai mieux vous exprimer ma pensée intime… Asseyons-nous sur ce banc, voulez-vous ?

Edvard obéit sans répondre, agréablement surpris de ce préambule qui n’indiquait aucune prétention d’exigence.

Nichée contre lui, Fanny reprit à voix basse :

— Edvard, vous vous êtes placé dans une situation fausse qui ne peut se prolonger.

— Pourtant, c’est le propre des situations fausses.

— Ne riez pas, méchant ! Vous avez renoncé à un mariage sans rompre officiellement vos