Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Rendez grâce à ma sollicitude maternelle, mon cher ami : votre fiancée s’ennuyait de vous, c’est pourquoi je vous ai ménagé ce plaisir imprévu.

— Avez-vous fait bon voyage, madame ? répondit Edvard, en saluant d’un air embarrassé.

Fanny examinait âprement Thérèse qui souriait en silence, aussi gênée que le comte Kolding. Instruite par les confidences du jeune homme, Mademoiselle Thulette connaissait tous les dessous de la situation et savait que, fiancé à Paris, mais délesté de tout projet matrimonial depuis la rencontre libératrice du skating, il continuait cependant, sans oser reprendre formellement sa parole, d’écrire de temps en temps à Thérèse, puisque la baronne de Tresme connaissait son séjour à l’hôtel de Monte-Carlo.

Elle comprit, à voir la gaucherie (cependant charmante) de Thérèse, pourquoi cette rougissante ingénue ne plaisait pas à son Edvard tout ensemble timide et pervers. Mais elle sut apprécier la saveur discrète de cette blonde, presque enfant, et murmura pensive : « Il va falloir jouer serré ».