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armes, le philosophe n’enseignait pas du même coup la manière de s’en servir.

Dissimuler son innocence et jouer l’effronterie en public n’offre pas de grandes difficultés ; mais feindre une perversité qu’on ignore et qu’on redoute est un rôle assez périlleux dans le tête-à-tête.

Malgré ses bonnes résolutions d’entrer dans la voie mauvaise, mademoiselle Thulette ne parvenait pas à concéder au comte Kolding des privautés plus intimes que les baisers des premiers jours ; dès qu’il souhaitait des caresses plus significativement accentuées, elle se sentait paralysée par la crainte de paraître maladroite et aussi (elle devait se l’avouer) par les importunités d’une pudeur naturelle qui, vainement chassée, revenait au galop et rougissait son joli visage scandalisé. Elle se hâtait alors, pour masquer cette honnêteté navrante, d’imiter le manège d’une rouée qui se marchande.

Fanny se désolait : « Bergeron m’a conseillé le duel ; bon. Mais je ressemble à ces couards qui reculent aussitôt les fers engagés. Malgré mon vif désir d’être vaincue, je suis si poltronne et si inexperte que je ne sais pas m’escrimer