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ignominies… Vous vous taisez, mademoiselle ? Vous craignez de m’émotionner en m’apprenant que mon pays, aussi, s’est mêlé à ces conflits ? N’ayez pas peur… Je suis calme. Je veux savoir la vérité.

Henriette murmura avec effort :

— L’Allemagne est resté… ce qu’elle était.

— Ah ! fit Max, déçu.

Il reprit, après une pause :

— Comment peut-on demeurer indifférent devant la crise de folie générale qui semble avoir détraqué le génie d’un peuple, comme elle détraque le cerveau d’un individu ?… Car la guerre actuelle n’a pas de sens. J’ignore quel est l’homme d’État qui a précipité vos ennemis dans cette aventure, mais son geste fut celui d’un agresseur qui frappe à l’aide d’un couteau sans manche : il se blesse autant que l’adversaire. Toute guerre entraîne la ruine des belligérants, vainqueurs ou vaincus : et c’est un peuple riche, actif, prospère, tenant le sceptre des affaires et du commerce, qui