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point sotte. Alors, pour résister à cette envie, la jeune fille se mit à débiter avec une extrême volubilité :

— Dites, docteur : est-ce acceptable, une idée pareille !… Quand la guerre a éclaté, j’avais seize ans ; j’étais fragile, nerveuse, un peu souffrante… Je voulais néanmoins remplir ici les fonctions d’infirmière, dès que l’ambulance fut installée. Mon père s’opposa à ce désir en alléguant mon état de santé… Cependant, il me permit de l’aider dans la mesure de mes moyens : j’ai classé des paquets d’ouate, déballé des ampoules de chloroforme, des tubes de pharmacie… J’ai déployé un zèle de néophyte dans ces occupations utiles certes, mais secondaires… J’ai patienté un an, deux ans… À la fin, on se lasse d’attendre !… Ma santé est superbe à présent — je suis très solide sous mon apparence délicate ; — mon père se rend à mes raisons : il m’accorde aujourd’hui ce que je ne cesse de lui demander depuis vingt-deux mois… J’ai enfin le bonheur de penser que je vais pouvoir soigner nos chers