Page:Marais - L’Aventure de Cutiche, paru dans Les Annales politiques et littéraires, 20 et 27 octobre, 03 novembre 1918.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le père riposta avec la douceur tranquille des têtus apathiques :

— Mais si, mon enfant… Et je t’ai donné mes raisons.

Elle soupira plusieurs fois :

— Mon Dieu, mon Dieu !

D’un accent de victime immolée. Puis, tout à coup, cédant à ses manières pétulantes, elle se tourna impétueusement vers le nouveau venu et le prit à témoin avec ce mauvais goût sans-gêne qui pousse les femmes irritées à immiscer un inconnu dans leurs querelles familiales :

— Voyons, docteur : je vous fais juge…

Les deux hommes ébauchaient un sourire en considérant ce joli petit démon insupportable et séduisant dont le costume angélique, le bandeau religieux de jeune nonne rendaient, par contraste, la fureur plus cocasse encore.

Henriette se devina si puérile, si drôle, si gosse entre son père et cet homme qui avait l’âge de son père que, sa colère tombant, elle fut tentée de rire d’elle-même, car elle n’était