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du moins ton silence, la rougeur de ton front et la sévérité de ton visage lui montrent bien avec quelle peine tu souffres ses discours.

XXXIV.

Si quelque idée voluptueuse s’empare de ton imagination, observe-toi comme en toute chose, et ne te laisse pas entrainer. Fais attendre ton désir, prends quelque délai, compare ensuite dans ta pensée les instants : l’instant où tu goûteras la jouissance et l’instant où la jouissance épuisée fera place aux regrets et aux remords. À ces derniers oppose les joies et les satisfactions intérieures qui récompenseront ta résistance. Si les circonstances sont telles que tu croies devoir te décider, prends garde de Le laisser vaincre par les douceurs et les attraits du plaisir ; oppose-leur la joie bien autrement grande de pouvoir se rendre à soi-même le témoignage qu’on a remporté la plus difficile des victoires.

XXXV.

Quand, ayant reconnu que tu devais faire une chose, tu la fais, ne cherche pas à te cacher, alors même que la foule devrait mal juger ton action. En effet, si cette action est mauvaise, ne la fais pas ; si elle est bonne, pourquoi crains-tu ceux qui se mettront dans leur tort en la blâmant 4 ?

XXXVI.

De même que ces propositions : « Il est jour, il est nuit, » ont une valeur démonstrative dans les syllogismes disjonctifs 2,


de la première entraîne la négation de la seconde, et réciproquement la négation de [a première entraîne l’affirmation de la seconde ; par exemple ou il est jour, ou il est nuit. Si l’on pose qu’il est jour, on pose par cela même qu’il n’est pas nuit, et réciproquement.