Page:Manuel d’Épictète, trad. Joly, 1915.djvu/53

Cette page n’a pas encore été corrigée

je suis malheureux ! » Il fallait se souvenir de ce qu’on ressentait lorsqu’il s’agissait du malheur d’autrui 1.

XXVII

De même qu’on ne pose pas un but pour ne pas l’atteindre, de même le mal n’existe pas dans le monde 2.

XXVIII.

Si quelqu’un livrait ton corps au premier venu, lu en serais indigné ! Et toi-même pourtant tu livres ton âme : car tu permets au premier qui l’injurie de la jeter dans le trouble et la confusion. Et tu n’en rougis pas ?

XXIX.

1. En toute chose, ne te mets à l’œuvre qu’après avoir bien considéré ce qui doit précéder et ce qui doit suivre l’action que tu projettes ; autrement tu commenceras sans doute gaiement ton entreprise, n’en prévoyant pas les suites ; mais bientôt tout ce qu’elle peut avoir de fâcheux t’apparaîtra, et tu rebrousseras chemin honteusement.

2. Tu veux vaincre aux jeux olympiques ? Et moi aussi, par les dieux : car c’est un noble triomphe ! Mais considère d’abord ce qui précède et ce qui suit pareille entreprise. Il te faut te soumettre à une discipline et à une règle, même en ce qui concerne tes repas, t’abstenir de toute friandise,


insupportable émet une opinion qui lui est alors toute particulière, qu’il ne professe qu’en ce moment. Il est en désaccord avec les autres hommes et avec lui-même. Donc, il est dans le faux.

2. Cette maxime ne prouve-t-elle pas, à elle seule, le panthéisme d’Épictète ? Elle implique, en effet, que celui qui a posé le but, c’est-à-dire Dieu, est aussi celui qui le vise et qui l’atteint : que l’homme ne peut dévier dans sa marche vers un but qu’il ne poursuit pas librement, mais qu’il est plus ou moins vite entraîné vers ce but par la force divine, qui meut tout, ou, plus exactement, dans le sens stoïcien, qui est tout.