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EXTRAITS DES ENTRETIENS D’ÉPICTÈTE.


XLVII

Nécessité de la Logique.

Un des assistants dit à Épictète : « Prouve-moi que la « Logique est utile. » — Tu veux, lui dit-il, que je te le démontre — « Oui. » — Il me faut donc te faire une démonstration ? — « D’accord. » — Mais comment sauras-tu si je ne te fais pas un sophisme ? — Notre homme se tut. — Tu vois, lui dit-il alors, que tu confirmes par toi-même la nécessité de la Logique, puisque sans elle tu n’es même pas capable d’apprendre si elle est nécessaire ou si elle ne l’est pas.

XLVIII

De la véritable beauté.

Un jeune homme qui étudiait la rhétorique s’était présenté à Épictète ; ses cheveux étaient arrangés avec un grand art, et toute sa toilette était recherchée. Réponds-moi, lui dit Épictète : N’y a-t-il pas des chiens et des chevaux qui te semblent beaux ? d’autres qui te semblent laids ? Et n’en est-il pas de même dans toutes les autres espèces d’animaux ? — Je le trouve, dit l’étudiant. — N’y a-t-il pas aussi des hommes qui te semblent beaux, et d’autres qui te semblent laids ? — Et comment ne serait-ce pas ? — Comme la nature de chaque espèce d’êtres est différente, il me semble aussi que chacune d’elles a sa beauté différente. Cela n’est-il pas vrai ? — Oui. — Ce qui fait donc la beauté du chien, fait la laideur du cheval ; et ce qui fait la beauté du cheval, fait la laideur du chien. — Cela me semble… — Qu’est-ce donc qui fait la beauté d’un chien ? La présence de ce qui est la perfection du chien. Et la beauté d’un cheval ? La présence de ce qui est la perfection du cheval. Qui fera donc celle d’un homme, si ce n’est la présence de la perfection humaine ? Jeune homme, si tu veux être beau, cherche à acquérir la perfection humaine. Mais