Page:Manuel d’Épictète, trad. Guyau, 1875.djvu/130

Cette page a été validée par deux contributeurs.
56
MANUEL D’ÉPICTÈTE.

« Quiconque sait céder à la nécessité,
Nous le tenons pour sage et pour savant dans les choses divines[1]. »


« Ô Criton, s’il plaît ainsi aux dieux, qu’il en soit ainsi ! »

« Anytus et Mélitus peuvent me tuer, non me nuire[2]. »

    histoire. Né à Assos, en Éolie, vers l’an 310 environ, il se destinait au métier d’athlète, lorsqu’il connut Zénon à Athènes. Contraint par la pauvreté à se mettre au service des jardiniers d’Athènes, il passait les nuits à arroser les plantes, les jours à entendre Zénon et à étudier. Il succéda à Zénon dans l’enseignement du Portique. On a conservé de lui un hymne à Jupiter dont voici quelques extraits : « Salut à toi, ô le plus glorieux des immortels, être qu’on adore sous mille noms, Jupiter éternellement puissant ; à toi, maître de la nature ; à toi qui gouvernes avec loi toutes choses ! C’est le devoir de tout mortel de t’adresser sa prière ; car c’est de toi que nous sommes nés, et c’est toi qui nous a doués du don de la parole, seuls entre tous les êtres qui vivent et rampent sur la terre. À toi donc mes louanges, à toi l’éternel hommage de mes chants ! Ce monde immense qui roule autour de la terre conforme à ton gré ses mouvements, et obéit sans murmure à tes ordres… Roi suprême de l’univers, ton empire s’étend sur toutes choses. Rien sur la terre, Dieu bienfaisant, rien ne s’accomplit sans toi, rien dans le ciel éthéré et divin, rien dans la mer ; hormis les crimes que commettent les méchants dans leur folie… Jupiter, auteur de tous les biens, dieu que cachent les sombres nuages, maître du tonnerre, retire les hommes de leur funeste ignorance ; dissipe les ténèbres de leur âme, ô notre père, et donne-leur de comprendre la pensée qui te sert à gouverner le monde avec justice. » — Les vers que cite Épictète sont cités et traduits en latin par Sénèque (Epist. 107). Il ajoute celui-ci, plus énergique encore :

    Ducunt volentem fata, nolentem trahunt.

  1. Ces deux vers sont d’Euripide, auquel Épictète et Marc-Aurèle empruntent souvent des citations.
  2. Ces deux sentences sont empruntées, l’une au Criton, l’autre à l’Apologie. Épictète aimait à les citer. V. aussi Marc-Aurèle.


abbeville. — imrimerie briez, c. paillart et retaux.