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SANS FAMILLE


XIII


ENFANT TROUVÉ


Le temps avait passé vite pendant ce voyage, et le moment approchait où mon maître allait sortir de prison.

À mesure que nous nous éloignions de Toulouse, cette pensée m’avait de plus en plus vivement tourmenté.

C’était charmant de s’en aller ainsi en bateau, sans peine comme sans souci ; mais il faudrait revenir et faire à pied la route parcourue sur l’eau.

Ce serait moins charmant : plus de bon lit, plus de crèmes, plus de pâtisseries, plus de soirées autour de la table.

Et ce qui me touchait encore bien plus vivement, il faudrait me séparer d’Arthur et de madame Milligan ; il faudrait renoncer à leur affection, les perdre comme déjà j’avais perdu mère Barberin. N’aimerais-je donc, ne serais-je donc aimé que pour être séparé brutalement de ceux près de qui je voudrais passer ma vie !