MYTHOLOGIE HINDOUE
SURYA
Ta demeure est aux bords des océans antiques,
Maître ! Les grandes eaux lavent tes pieds mystiques.
Sur ta face divine et ton dos écumant
L’abîme primitif ruisselle lentement.
Tes cheveux qui brûlaient au milieu des nuages,
Parmi les rocs anciens déroulés sur les plages,
Pendent en noirs limons, et la houle des mers
Et les vents infinis gémissent au travers.
Sûryâ ! Prisonnier de l’onde infranchissable,
Tu sommeilles couché dans les replis du sable.
Une haleine terrible habite en tes poumons ;
Elle trouble la neige errante au flanc des monts ;
Dans l’obscurité morne en grondant elle affaisse
Les astres submergée par la nuée épaisse,
Et fait monter en chœur les soupirs et les voix
Qui roulent dans le sein vénérable des bois.
Ta demeure est au bord des océans antiques,
Maître ! Les grandes eaux lavent tes pieds mystiques.
Elle vient, elle accourt, ceinte de lotus blancs,
L’Aurore aux belles mains, aux pieds étincelants ;
Et tandis que, songeur, près des mers tu reposes,
Elle lie au char bleu les quatre vaches roses.
Vois ! Les palmiers divins, les érables d’argent,
Et les frais nymphéas sur l’eau vive nageant,
La vallée où pour plaire entrelaçant leurs danses
Tournent les Apsaras en rapides cadences,
Par la nue onduleuse et molle enveloppés,
S’éveillent, de rosée et de flamme trempés,
Pour franchir des sept cieux les larges intervalles,
Attelle au timon d’or les sept fauves cavales,
- ↑ Les symboles mythiques ont été, par la Science, délivrés de la personnalité fabuleuse
où les enferma l’Antiquité. Rien ne reste plus, aux yeux de qui vient de regarder
ce livre, que l’apparence des dieux à jamais incarnée dans le marbre, puis leur
signification rendue à la lumière, aux nuées, à l’air.
Voilà où en est le savoir de notre temps ; mais à côte de l’étude il y a l’imagination.
De très grands poètes ont su (c’est leur devoir tant que l’humanité n’a pas créé des mythes nouveaux) vivifier à force d’inspiration et comme rajeunir par une vision moderne les types de la Fable. Si quelque esprit, imbu de préjugés, pensait que les divinités n’ont plus chez nous le droit à l’existence, il pourra, à la lecture de belles pages empruntées ici aux gloires des Lettres d’aujourd’hui, reconnaître, comme un fait, que rien n’est mort de ce qui fut le culte spirituel de la race. Magnifique et vivant prolongement qui doit se perpétuer aussi longtemps que notre génie littéraire !
Apprendre les superbes morceaux et fragments de Victor Hugo, Leconte de Lisle et Théodore de Banville extraits de la LÉGENDE DES SIÈCLES, des POÈMES BARBARES et des POÈMES ANTIQUES, des EXILÉS, et groupés ici selon l’ordre et les grandes divisions de notre ouvrage.