Page:Malherbe - Chefs d’œuvre lyriques, 1909.djvu/118

Cette page a été validée par deux contributeurs.
L’ÉCOLE CLASSIQUE

Ne sauraient t’empêcher d’en augmenter le nombre.
 Le potentat le plus grand de nos jours,
Ne sera rien qu’un nom, ne sera rien qu’une ombre,
Avant qu’un demi-siècle ait achevé son cours.

  On n’est guère loin du matin
  Qui doit terminer le destin
Des superbes tyrans du Danube et du Tage.
 Ils font les dieux dans le monde chrétien ;
Mais ils n’auront sur toi que le triste avantage
D’infecter un tombeau plus riche que le tien.

  Et comment pourrions-nous durer ?
  Le temps, qui doit tout dévorer,
Sur le fer et la pierre exerce son empire ;
 Il abattra ces fermes bâtiments
Qui n’offrent à nos yeux que marbre et que porphyre,
Et qui jusqu’aux enfers portent leurs fondements.

  On cherche en vain les belles tours
  Où Pâris cacha ses amours,
Et d’où ce fainéant vit tant de funérailles.
 Rome n’a rien de son antique orgueil,
Et le vide enfermé de ses vieilles murailles
N’est qu’un affreux objet et qu’un vaste cercueil.

  Mais tu dois avecque mépris
  Regarder ces petits débris :
Le temps amènera la fin de toutes choses ;
 Et ce beau ciel, ce lambris azuré,
Ce théâtre, où l’aurore épanche tant de roses,
Sera brûlé des feux dont il est éclairé.

  Le grand astre qui l’embellit
  Fera sa tombe de son lit ;
L’air ne formera plus ni grêles, ni tonnerres ;
 Et l’univers qui, dans son large tour,