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périté des affaires, grandeur nationale. » Et sous tous ces mots pompeux, aucun sentiment généreux, aucune idée forte, mais le vide le plus absolu !

En vain, les populations travailleuses de Seine-et-Loir avaient-elles, à maintes reprises, manifesté leurs aspirations vers un régime social meilleur, vers une République qui fût véritablement la chose de tous ; la domination du capital s’exerçait toujours aussi oppressive. Avec des formes et des mots différents, c’était encore la féodalité : au Brisot, continuait de régner la dynastie Schickler ; à Mersey, le baron des Gourdes, héritier et successeur de Chamot, roi des mines de Pranzy.

Et, à côté de ces autocrates de la grande industrie, enrichis par tout un peuple de serfs, c’étaient des femmes ambitieuses et sans cœur qui dictaient leur volonté : la baronne des Gourdes, à Mersey ; Mme  Hachenin, dans toute la région ; et le clergé, qui, lui aussi, est femme par la robe et par la souplesse subtile.

Depuis le procès de Chôlon, des années avaient passé…

L’éclair de révolte avait alors transfiguré les mineurs d’esclaves en combattants. Le calme, depuis cette époque mouvementée et tragique, n’avait cessé de régner à Mersey : dans les profondeurs de la terre, l’armée noire travaillait silencieusement pour ses maîtres.

Était-ce la mort ou l’abdication qui, souvent, est pire que la mort ?

L’abdication ou la mort, un observateur superficiel eût pu le penser. Les mineurs ne tenaient plus, la nuit, de réunions secrètes dans les bois ; ils ne se laissaient plus éblouir d’images chaudement colorées ou bercer de phrases chantantes ; ils ne couvraient plus de leurs applaudissements des orateurs métaphoriques comme Baladier.