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dents, toutes les forces de l’État concouraient à la défense du capital, qu’il n’y avait rien de changé ?

Et des cris de : « Vive la sociale ! » accueillirent ce jugement inique.

Céleste demeurait pétrifiée. Du regard elle et Galfe s’attachaient désespérément l’un à l’autre ; c’était plus que la vie que la société impitoyable leur prenait. Ah ! certes, quels que fussent son courage et sa conviction le condamné ne cherchait guère, en ce moment, à poser pour l’histoire.

Lorsque les gendarmes l’emmenèrent, Céleste poussa un grand cri et fondit en larmes. Des personnes compatissantes, l’entouraient, s’efforçaient de la consoler, mais était-il de consolation possible ?

Ce fut en vain que Galfe sollicita par lui-même et par son avocat la faveur de revoir une dernière fois celle qui avait, pendant un moment trop fugitif, ensoleillé sa vie de jeune esclave. Cette consolation, à la veille de partir pour le bagne, lui fut impitoyablement refusée. Et de quel droit la demandait-il ? Céleste lui était-elle quoi que ce fût aux yeux de la loi ? Était-elle autre chose que sa concubine ?

La jeune fille revint à Mersey, la tête perdue, incapable de penser ; devant elle tout n’était plus que brouillard et ténèbres. La destinée marâtre qui, dès l’enfance, l’avait vouée à l’infortune, lui faisait payer chèrement à elle aussi une minute de bonheur. Quelles nouvelles misères, quelles nouvelles catastrophes l’attendaient encore ?

Céleste était à peine de retour dans la cabane qui lui rappelait de si doux souvenirs qu’elle dut s’enfuir pour éviter les outrages des mouchards.

Le même jour, dans la cathédrale de Tondou, se célébrait en grande pompe le mariage du baron des Gourdes et de Mlle Julia Chamot.

Toutes les notabilités départementales assistaient à cette cérémonie, rehaussée par la présence de Sa Grandeur qui donna la bénédiction aux jeunes