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la spontanéité des masses, les anarchistes étaient par cela même plus en proie que d’autres aux mouchards, agents provocateurs et pêcheurs en eau trouble.

Aussi, pendant que, tiraillés entre Brousse et Guesde, oscillaient indécis, désorientés, les groupes du parti ouvrier, des actes de guerre sociale commençaient à s’accomplir. De ces actes les uns étaient réellement l’œuvre de révolutionnaires, les autres celle de policiers.

Œuvre de révolutionnaires, les vengeances du salarié frappé dans sa dignité ou dans ses moyens d’existence par un exploiteur impitoyable, les protestations du sans-travail près de succomber d’inanition auprès de l’abondance et se refusant à tendre la main. Œuvre de policiers, les attentats stupides, dirigés au hasard, contre la foule ou n’importe qui et ne produisant comme résultat que le discrédit d’idées nouvelles incomprises et un déchaînement de fureurs réactionnaires.

À Mersey, Michet et sa bande s’étaient remis à la besogne. Ces misérables exécutaient aveuglément le mot d’ordre venu d’en haut, ils ne savaient d’où, car derrière Michet, il y avait Baladier, derrière Baladier, Drieux et derrière Drieux, les jésuites. Le résultat était double : empêcher l’acquittement des mineurs de Mersey par le tribunal de Chôlon et ce qui était bien plus important, créer dans toute la France un mouvement de réaction à la faveur duquel un prétendant, par un hardi coup de main, prendrait le pouvoir.

Le duc d’Aumale, oncle du comte de Paris, étant général de la République, les probabilités demeuraient en faveur de la monarchie orléaniste.

La bande Michet n’était pas seule à l’œuvre : Galfe aussi opérait !

Le jeune homme, en apprenant à la mine les événements qui s’étaient passés au bois de Varne, avait