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tement celui de Chôlon n’avait fait qu’exaspérer les colères et les indignations ; les forces ouvrières se dressaient maintenant en faisceaux indestructibles, plus résolues à la lutte que jamais.

Devant cette unanimité du sentiment prolétarien, les capitalistes s’effacèrent ! Les petits et moyens, comme Gueulland et Lépinet, se retirèrent les premiers de la ligue et firent droit aux revendications de leurs ouvriers.

Schickler, voyant que les choses allaient se gâter, traita avec les siens et à des conditions assez avantageuses pour lui, tant parce qu’il ne laissa point passer le moment, que parce que les serfs du Brisot n’avaient point encore acquis la ténacité révolutionnaire de ceux de Mersey.

À la fin, des Gourdes, resté seul, dut traiter aussi. Un ordre ministériel avait imposé, malgré les instances du préfet, l’évacuation de la ville par les forces militaires qui y étaient massées. Outre que la présence de ces troupes causait une irritation perpétuelle aux habitants, les officiers ne répondaient plus des soldats, très impressionnés par le drame de Chôlon. Parfois même, des altercations éclataient entre eux et les gendarmes, traités couramment de meurtriers, et l’on pouvait se demander si la troupe, dans un moment d’effervescence populaire, n’imiterait pas 1789, tirant sur la cavalerie de Besanval et de Lambex. Le commandant de gendarmerie, qui prétendait s’arroger des droits dictatoriaux, se vit tenu énergiquement en échec par le maire, fort du sentiment unanime de la population.

De sorte que, sauf au Brisot, ce fut une nouvelle victoire ouvrière sur toute la ligne. Moschin, Michet, les mouchards, et avec eux le ménage Canul, durent disparaître, cette fois définitivement, de Mersey. Du coup, le syndicat jaune se trouva complètement désemparé.

Mais de cette victoire nul ne se réjouit : elle avait