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Mais je ne fais point de l’abstention une panacée et je ne vous combattrai pas. Après tout, par sympathie personnelle, j’aime encore mieux voir « là-bas » vous plutôt qu’un clérical.

— Je vous remercie, fit Paryn mis tout à fait en gaieté et tendant la main sans rancune à son administré.

Raulin, quelque peu soulagé d’avoir vidé son cœur, se retira.


XVIII

LA BATAILLE RECOMMENCE


Paryn achevait de déjeuner. Il venait d’être élu député. Dans la matinée, il avait reçu les membres de son comité, heureux et solennels. Cette victoire était la leur : par l’intermédiaire de leur élu, ils se sentaient participer au gouvernement de la chose publique !

Déjà quelques habitants de Climy avaient glissé un mot, qui en faveur d’un neveu ou d’un cousin ayant besoin d’une protection pour entrer dans la carrière administrative, qui en faveur d’un fils à exempter du service militaire. Le patron de l’Oiseau rouge avait hasardé quelques paroles en faveur de lui-même : il convoitait les palmes académiques !

Paryn avait fait son apprentissage de représentant du peuple ; il avait eu un avant-goût des obsessions intéressées entourant tout député qui rêve d’agiter des questions générales et se voit la proie des intérêts particuliers les plus mesquins.

Sa bonne humeur ne l’avait pas abandonné au cours de cette épreuve, et c’était le sourire aux lèvres qu’il avait répondu à plus d’un solliciteur :

— Vous savez, mon ami, je n’ai promis la lune à personne. Conséquemment, je ne puis répondre de vous la donner.