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Et aussitôt ils s’étaient dirigés vers la gare, réveillant les mineurs dont l’habitation se trouvait sur leur passage. Ils étaient maintenant seize qui se hâtaient et allaient sans doute être rejoints par d’autres, car les femmes des grévistes, pendant ce temps, couraient éveiller à leur tour les camarades et répandre partout la nouvelle.

Tandis que le groupe venu de la direction, dans l’ignorance du mouvement produit par Galfe, s’avançait au pas, Bernard et ses compagnons couraient. Il en résulta que ceux-ci arrivèrent les premiers, avec une avance de deux minutes sur le personnel de la Compagnie. Deux minutes, c’est quelquefois énorme.

Du premier coup d’œil, Bernard et Ouvard jugèrent la situation, voyant l’effervescence des Brisotins bien que sans en comprendre la cause. Ils se précipitèrent en avant.

— Camarades ! cria Ouvard, vive la solidarité ouvrière !

À ce moment. Céleste, réussissant à se débarrasser de ceux qui la retenaient, courait vers Galfe en criant aux grévistes :

— C’est Schickler qui les envoie !

Immédiatement, les mineurs de Mersey furent au milieu des Brisotins. Déjà Galfe, dégagé, adressait à ceux-ci des exhortations enflammées :

— Êtes-vous des esclaves ? une marchandise ? Allons, montrez que vous avez du cœur ! C’est votre solidarité qui brisera la puissance des patrons.

Les contremaîtres avaient reculé. L’un d’eux, celui que Galfe avait renversé, eût voulu, avec les ouvriers restés fidèles, cogner sur les insubordonnés pour les faire rentrer dans la soumission. Mais ses collègues l’arrêtèrent : ils étaient la minorité et n’eussent pas été les plus forts. Des quelque cent cinquante qui restaient, d’aucuns, peut-être une vingtaine, s’étaient prudemment éloignés, pour éviter de prendre parti ; les autres, complètement retournés, fra-