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ment facilita la fuite d’un millier de personnes dans la direction opposée.

Derrière les grévistes qui étaient entrés, Détras referma la porte afin d’empêcher toute invasion des gendarmes ou des soldats.

— Là maintenant, dit-il aux mineurs. Vous pouvez vous retirer de ce côté en enjambant le mur.

Il leur montrait la clôture non terminée dans la direction de Vertbois. Cette clôture n’arrivait pas encore à hauteur d’homme.

Ce fut aussitôt une escalade générale, les hommes, les femmes, les enfants se poussaient, se faisaient la courte-échelle et disparaissaient dans le clair obscur des terrains vagues pour se retrouver dans le faubourg de Vertbois, derrière la compagnie du capitaine Fissard.

Et comme les soldats débouchaient sur le plateau, ils ne trouvèrent plus devant eux que quelques centaines de personnes.

— Halte ! cria le capitaine.

Les soldats qui, autant que leur chef, manquaient d’entrain, s’arrêtèrent aussitôt. Parmi eux, sans doute, s’en trouvait-il qui se demandaient si, fils d’ouvriers et de paysans, leur rôle était de marcher contre ces prolétaires. Pour qui ? Ils ne savaient. Au nom de quoi ? De la discipline, de la loi, de la patrie, leur disait-on ; mais, si inconscients fussent-ils, derrière ces grands mots, ils entrevoyaient vaguement s’agiter de mystérieux et formidables exploiteurs.

Les gendarmes, arrivés sur les grévistes, faisaient caracoler leurs chevaux. Déjà plusieurs mineurs avaient été renversés et piétinés ; d’autres, qui s’étaient jetés à la tête des chevaux, se suspendaient à la bride ou tiraient les gendarmes par les pieds et s’efforçaient de les faire tomber, avaient reçu des coups de sabre ; Moschin et le commissaire s’étaient même emparés de Sarrazin, malgré les efforts furieux