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chargé, car il était nécessaire qu’il y eût au moins un semblant de sommations légales.

— Camarades, cria Ouvard, les propositions sont-elles acceptées ?

— Oui ! répondirent les milliers de voix d’une seule clameur.

— Sabre au clair ! tonna le commandant Baquet.

Et cinquante lames sortirent du fourreau.

La foule commença à refluer. Quelques mineurs, un petit nombre, se dispersèrent en voyant arriver les gendarmes. On n’avait plus le temps de s’attarder aux formalités. Ouvard se hâta d’ajouter :

— Que ceux qui veulent accepter comme délégués Dubert, Laferme et moi lèvent la main.

Six mille mains se levèrent ; quelques mineurs levaient les deux mains, tandis que retentissait ce cri général : « Tous ! »

Les gendarmes venaient de faire halte à vingt pas. Le commissaire de police s’avança vers les mineurs.

— L’avis contraire ! criait Ouvard.

Aucune main ne se leva, les quelques-uns qui, comme Canul, eussent été tentés de le faire, se trouvaient intimidés devant pareille unanimité.

— Au nom de la loi, cria Bobignon, je vous somme de vous disperser.

— Dispersez-vous, mes amis ! cria Ouvard. Notre besogne est finie.

Déjà nombre de grévistes s’étaient retirés, les uns vers le faubourg des Mésanges, les autres descendant vers le faubourg de Vertbois.

Tout à coup il y eut de ce côté un mouvement de reflux ; des mineurs, des femmes, des enfants revinrent en désordre, tandis qu’au son du clairon éclatant, une colonne de soldats montant la côte apparaissait sur le plateau.

C’était la compagnie du capitaine Fissard, marchant au pas, baïonnette au canon.

Un affolement s’empara d’une partie de la foule