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à une œuvre aussi méritoire, car de semblables initiatives devenaient malheureusement trop rares. D’ailleurs, Martine, au temps où il surveillait Geneviève Détras, avait, entre temps, dénoncé à la compagnie et fait renvoyer quelques mineurs imbus du mauvais esprit : c’était chose qu’on ne pouvait oublier.

— Maire et cabaretier, dit en souriant le père Carino, il fera un excellent agent électoral.

— Oui, dit la baronne, je suis sans inquiétude de ce côté-là : les gens de la contrée voteront bien.

Elle quitta Tondou, réconfortée par la presque certitude que Monseigneur emporterait la nomination de Jolliveau en temps nécessaire et que, grâce à celui-ci, les élections seraient ce qu’elles devaient être.

Cette confiance était partagée par des Gourdes. Malgré la colère qu’il ressentait de n’avoir encore pu abattre Paryn, il envisageait l’avenir sans inquiétude.

— Du train dont vont les choses, dit-il à sa femme, les élections nous porteront aux approches de la place : il n’y aura plus qu’à donner l’assaut.

Cet assaut, que les réactionnaires n’avaient pas eu le courage de tenter autrefois, lors des événements de la bande noire, pouvait-il se terminer autrement que par leur triomphe, maintenant qu’ils avaient pour eux la complicité des grands pouvoirs ?

Des Gourdes ne doutait plus du succès final, et il ajouta, l’œil allumé d’un éclair de vengeance :

— Tout se paiera ; oh ! ce Paryn, je veux le voir partir pour Nouméa, dans une cage de fer.

Très calme, la baronne haussa les épaules, répondant doucement :

— C’est encore de l’enfantillage ! du romantisme ! Pourquoi une cage de fer ! Il n’y a qu’un moyen de