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— Mes amis, cria des Gourdes, la Compagnie partage votre deuil. Elle assurera la subsistance aux familles des victimes.

Un instant de silence profond accueillit ces paroles, et une voix grave s’éleva pour répondre :

— Nous prenons acte de vos paroles ! Si vous nous mentez, ce sera la guerre !


XXVIII

LA REVANCHE DU FORÇAT


Le retour imprévu, foudroyant de Détras, avait été pour les hôtes de l’Étoile Solitaire une joie que rien ne saurait exprimer.

Certes, la surveillance dont l’auberge était l’objet de la part de Martine vint jeter une note d’inquiétude. Mais les soupçons de l’ancien mouchard, Détras l’affirmait autant par conviction réelle que pour rassurer les siens, ne pouvaient être que très vagues ; sans cela, il l’eût suivi sur la route de Chôlon et fait arrêter au premier poste de la gendarmerie.

Comment avaient pu s’éveiller ces soupçons, c’est ce que l’évadé ne comprenait pas, mais il était sûr qu’il n’y avait que soupçons et non certitude. En outre, Martine ne l’avait pas vu entrer dans l’auberge. Que Geneviève et Panuel ne changeassent rien à leurs allures, que Détras dissimulât sa présence pendant vingt-quatre ou trente-six heures, et l’ex-policier, fatigué, finirait par s’en aller.

C’est ce qui s’était produit.

Honteux de ce qu’il croyait maintenant sa méprise, se demandant comment il avait pu rêver une chose aussi invraisemblable que le retour du forçat disparu depuis tant d’années et probablement mort dans un coin ignoré de la brousse néo-calédonienne, Martine était retourné à Véran.

Détras qui, pendant deux jours, s’était tenu caché