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ment le commissaire. Allons, vous autres, dispersez-vous !

Cette dernière phrase était à l’adresse de la foule. Celle-ci, d’ailleurs, avait devancé l’injonction. Il ne restait plus, à distance respectueuse, que quelques curieux, regardant descendre dans la ville, se dirigeant vers le commissariat le groupe des orateurs marchant à côté du commissaire entre les agents et gendarmes, suivi de tous les mouchards de la mine. Moschin en tête.

Mais déjà circulait parmi les mineurs un mot d’ordre dont l’idée première avait été lancée par Bernard, lors de la première réunion au Fier Lapin : la grève !

Non point une grève passive, suppliante, résignée, mais une grève à allures énergiques au cours de laquelle se multiplieraient les réunions, les manifestations de toute sorte, chaque jour sur plusieurs points à la fois, qui mettrait sur les dents toutes les polices, celle de Moschin et celle de Pidurier, ferait réfléchir la municipalité et terroriserait les exploiteurs.

Une grève qui serait la réponse à l’agression de ce jour, qui montrerait l’existence d’une force ouvrière et marquerait à Mersey le commencement d’un nouvel ordre de choses.

Et cette nuit-là, on entendit dans la petite ville, retentir un peu partout, autour des bâtiments de la direction, devant la mairie, le commissariat, l’église, ce cri qui jamais n’avait retenti à Mersey :

— Vive la grève !… La grande grève !

Les orateurs avaient pu reprendre le train de Chôlon.

Certes s’ils eussent été d’obscurs travailleurs, Pidurier se fût offert le plaisir de les emprisonner. Mais il n’osa tout de même pas, quel qu’en fût son désir, en user de façon aussi dictatoriale à l’égard du docteur Paryn, maire d’une commune importante, et de