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— Avant tout, continua-t-il, allons au secours de vos camarades qu’on assomme ! Suivez-moi !

Il voulait retourner sur ses pas, n’ayant quitté Bernard qu’à contre-cœur et pour ne pas abandonner ses compagnons de voyage Renouard, Vallon et son collaborateur Brossel.

Mais ce dernier, lui montrant le plateau, dit :

— C’est inutile, voyez.

En effet, toute lutte avait cessé. Une soixantaine d’hommes, les bandes victorieuses de Moschin, s’avançaient vers le Fier Lapin. Le reste redescendait dans la ville, emmenant blessés et prisonniers.

— Nous allons être attaqués une autre fois, dit Vallon.

— Eh bien, répondit Paryn, entrons dans la salle : nous nous y défendrons mieux que dehors, et puis nous sommes venus ici pour tenir un meeting ; nous le tiendrons quand même.

Comme il venait de prononcer ces mots, un gros homme, la figure placide encadrée de favoris bruns, s’avança vers lui. C’était l’aubergiste.

— Monsieur, lui dit-il, j’avais consenti à louer ma salle, mais, étant donné ce qui se passe, vous comprendrez que la réunion est impossible. D’ailleurs, la police vient de l’interdire.

— La police ! s’écria avec une véhémente indignation le maire de Climy, où donc est-elle ? que fait-elle ? Elle nous a laissé attaquer par des bandes de malfaiteurs avec lesquels elle pactise ouvertement !

Ces paroles produisirent un mouvement dans la foule. Des acclamations s’élevèrent, mêlées aux cris de : « À bas Moschin ! à bas les traîtres ! » Les hommes de la bande grondaient, mais, se sentant tenus en respect, n’osaient bouger.

Cependant les autres arrivaient et la bataille allait recommencer, lorsqu’un remous se produisit dans la foule qui s’ouvrit. Des uniformes de gendarmes et d’agents de police apparurent, escortant un petit