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pas plus malheureuse que les autres, c’est-à-dire, gagnant quatre-vingts francs par mois pour douze heures de travail quotidien.

Mais, alors que ses compagnes d’atelier avaient une famille, un amant ou un mari, partageant leurs peines et leurs joies, elle sentait l’affreuse solitude du cœur.

Malgré l’aide de Pontet, qui fit des démarches réitérées, elle ne put se mettre en communications écrites avec Galfe. L’administration pénitentiaire continuait à intercepter impitoyablement ses lettres. Toutefois, elle apprit que Galfe vivait encore : ce fut un moment d’inexprimable bonheur au milieu du deuil de sa vie.

Puis, de nouveau, la destinée se fit cruelle, Pontet, son unique ami, quitta le Brisot. Peu après, Mme Padoux partit pour un autre monde et Céleste se trouva sans occupation.

Toutefois, elle avait réussi, sur son plus que maigre salaire, à amasser en cinq ans une centaine de francs d’économie. Sans attendre que cette petite somme eût été dissipée par les nécessités de la vie, elle s’installa fleuriste, travaillant seule, à son compte pour quelques grandes maisons de la ville.

Ainsi elle vivait depuis des années, si c’est vivre que subsister avec une plaie ouverte au cœur.


XXIII

L’ÉVADÉ ET LE MOUCHARD


Nous avons laissé Détras dans l’établissement tenu à Véran par la ci-devant Martine, servante, devenue Mme Mayré, fermière et cabaretière.

L’évadé, après s’être fait servir une chopine, une croûte de pain et du fromage, commença à poser quelques questions à l’hôtesse.