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En fuyant la poursuite des soldats et des auxiliaires, ils ont trouvé la galerie souterraine qui les a menés ici où ils se sont refait une petite tribu.

Il songeait à la vie triste qu’avaient dû mener les trois exilés, se cachant loin des autres hommes. Sans doute, avaient-ils succombé à la nostalgie plus encore qu’au dénûment.

Les chiens qui l’avaient attaqué appartenaient sans doute à ces Canaques et, une fois ceux-ci morts, avaient repris leur entière liberté.

Quant au jeune quadrupède survivant qui, s’enfuyant devant lui, l’avait involontairement guidé vers cet Éden, il demeurait invisible. Peut-être trop faible pour risquer une lutte, s’était-il enfui en regagnant le souterrain, derrière Détras.

Celui-ci, trouvaille inappréciable, rencontra auprès des squelettes deux sagaies en bois durci, terminées l’une par un trident de fer, l’autre par une forte arête de poisson, un « tamioc » ou hachette américaine, une calebasse et un filet de pêche presque intact. Les oiseaux rapaces qui s’étaient nourris de la chair des cadavres, avaient respecté ces engins.

C’était pour l’évadé la possibilité de subsister en se cachant pendant des semaines jusqu’à ce que, ses geôliers l’ayant oublié, il pût gagner Nouméa. La pêche, la cueillette et peut-être un peu de culture lui permettraient de tenir.

Des jours s’étaient écoulés lorsqu’un matin il sembla à Détras que le sol dansait sous ses pieds. Il se raccrocha à un arbuste pour ne pas tomber.

Cela ne dura que trois minutes : c’était tout simplement un tremblement de terre.

Lorsque les dernières ondulations de la secousse sismique se furent éloignées, l’évadé, saisi d’un pressentiment, courut à la galerie souterraine.

L’orifice en était obstrué entièrement par un énorme quartier de roc.

Détras leva les yeux vers les montagnes dont les